Fresh and fading rooms est un dispositif interactif associant une projection de grande dimension et une application pour tablettes.
Sur deux façades perpendiculaires d’un bâtiment sont vidéo projetées les images de plusieurs fenêtres à l’intérieur desquelles on aperçoit une salle de cinéma aux sièges rouges. Chaque fenêtre offre une perspective différente de la salle, comme si celle-ci existait réellement à l’intérieur du bâtiment. En s’approchant de ces fenêtres et en les observant à l’aide de la caméra d’une tablette, le spectateur accède à une modélisation tridimensionnelle en noir et blanc de l’espace de la salle de cinéma où il peut déambuler. Cet effet est permis par la mise en oeuvre d’une technologie de réalité augmentée.
L’espace est composé de sièges vides et de l’écran de projection blanc et très lumineux, comme si le projecteur était resté allumé à la fin de la séance. Lorsque le spectateur zoome sur cet écran de projection, il voit se dessiner une silhouette. L’écran blanc devient progressivement le portrait de l’utilisateur capté en temps réel par la caméra frontale de la tablette. Lorsqu’il continue à zoomer sur son propre reflet, la modélisation 3D de la salle de cinéma disparait.
À l’instar de Narcisse, séduit par son propre reflet, le spectateur participe à l’oubli de son environnement. Au moment où son portrait vient occuper la totalité de l’écran de la tablette, l’appareil photo se déclenche et prend un cliché du spectateur en l’éblouissant avec le flash.
Une fois la photographie prise, le spectateur peut observer à nouveau une modélisation 3D identique de la salle de cinéma. Il reconnait les sièges vides et l’écran blanc, mais la salle apparaît en couleur. Il reproduit son geste et se dirige vers l’écran.
Cette fois-ci, au lieu de voir son propre portrait dans l’écran, il découvre une collection de portraits éblouis par ce flash disposés dans la même salle de cinéma représentée depuis le point de vue opposé au sien, comme si l’écran était devenu un miroir permettant de percevoir les spectateurs jusqu’alors invisibles. En quelque sorte, le spectateur-utilisateur se retrouve de l’autre côté de cet écran blanc et lumineux, lieu empreint de vide.
Dans cette nouvelle configuration, il se promène dans ces instants recueillis à la recherche de sa propre image, qu’il ne retrouvera pas.
Plusieurs glissements sémantiques de la notion d’écran s’opèrent : l’écran mobile donne accès à un écran de cinéma, affichant ce que l’écran mobile, devenu caméra, capture, avant de se transformer
à nouveau en une surface de projection équivalente au miroir, l’espace commun de la salle disparaissant au profit d’un espace de mémoire. L’expérience de la diffusion est remise en cause.
Telle une allégorie de nos pratiques actuelles, FFR interroge à la fois la notion d’événement et l’évolution de nos modes de consommation culturels par l’utilisation des écrans mobiles.
Fresh and fading rooms est une production Zinc en collaboration avec Videospread et Flux(o)