4 plaques de verre (100 x 150x 0,8cm), suspensions, câbles.
Vidéo-projecteur, lecteur multimédia.
Boucle vidéo 40 sec, 2013.
C’est l’histoire d’une combinaison de forces, d’énergies qui vont obliger l’eau à se plier, à se froncer. La vague nait alors. Elle devient. D’une masse informe, à cet instant précis elle devient elle même, cette vague là. Similaire à la précédente, pas complètement pareille à la suivante. C’est une lutte incessante entre l’atmosphère et l’océan. La limite insaisissable entre les deux. Poreuse, vibrante, mutante, fragile.
Lors de ma résidence au laboratoire IRPHE j’ai eu l’occasion de mener une recherche conjointe art et sciences avec Patrice Le Gal, chercheur en mécaniques des fluides. Mener un tel projet signifie de trouver le point de convergence entre deux milieux différents qui partagent la même fascination à observer le monde et plus précisément une fascination par les flux. En tant qu’artiste, le flux est un matériau que je peux utiliser dans mes pièces vidéo ou installations grâce à ses caractéristiques physiques, sa plasticité mais aussi son évocation d’une réminiscence du temps qui passe : la mémoire. Je filme la mer et je manipule sa temporalité. Je joue de ses flux et reflux.
la focalisation des vagues. De mon point de vue, le fait de recréer une vague, de l’isoler dans le bassin fût pour moi une opportunité de sculpter l’eau, la vague elle même afin de lui donner les caractéristiques que nous souhaitions. De la vague puissante de l’océan nous sommes arrivés à une forme suave, fragile, délicate : notre vague.
Dans le bassin, de l’eau calme surgit la vague, elle prend forme, elle avance, elle devient vague. Puis, en un laps de temps furtif, elle éclate dans une sublime beauté pour disparaître. Elle perd ainsi son identité, son unicité pour s’évanouir dans l’eau.
La géométrie de l’espace, la forme évolutive de la vague est alors synonyme de temps. Pour tenter de saisir l’ensemble de la transformation de la vague, il fut nécessaire d’utiliser une caméra rapide (2000 images par secondes). Grâce à cette vitesse de capture on a pu saisir les différentes formes que la vague revêt lors du déferlement.
C’est cela que je voulais saisir, la forme qui s’échappe, qui s’enfuit.
Nous avons mis en place différentes expériences afin de parvenir à la forme parfaite, symétrique qui convergeait et déferlait au point exact décrit par la théorie du Cusp Z³ – a Z – b = 0. Puis, nous avons réussi. Nous l’avons trouvé cette forme qui répondait à nos deux besoins, celui de l’artiste et celui du chercheur. C’était notre moment magique, celui du partage et de fascination par un objet commun retrouvé.