En septembre 2016, les artistes Javiera Tejerina et Diego Ortiz, ont arpenté les 63 aires d’autoroute qui relient Marseille à Paris sans jamais quitter l’axe autoroutier en suivant le protocole lancé par les auteurs précurseurs Julio Cortázar et Carol Dunlop dans leur livre « les autonautes de la cosmoroute ».
Tel un road-movie, À CONTRETEMPS, brosse le portrait poétique et décalé de la France d’aujourd’hui à travers les 63 aires d’autoroutes qui relient Marseille à Paris par l’autoroute du soleil. Voyageurs, familles, commerciaux, camionneurs, travailleurs, touristes étrangers, usagers réguliers, motards, hippies de temps modernes, amants ou errants viendront composer ce portrait.
À CONTRETEMPS, est une expérience web interactive et film documentaire qui va se dessiner grâce à l’expérience en mobilité des artistes. Ces explorateurs des temps modernes, munis de leur caméra vidéo et de leurs smartphones , vont redessiner l’espace qu’ils traversent : une nouvelle cartographie des aires va apparaître.Elle tiendra compte non seulement des déplacements de chacun des artistes mais aussi du temps consacré à chacun de ces déplacements et aux moments suspendus sur l’aire.
Cette nouvelle topographie en relief du trajet Marseille – Paris servira de fil conducteur pour naviguer dans ce nouveau monde, inventé par les artistes au gré de leur aventures et rencontres : portraits, situations, atmosphères, architectures, moments de vie, des indices qui vont reconstruire l’ensemble de cette grande Traversée.
(Les images ont été tournées lors d’un repérage)
Diego est calme. Il aime organiser et maitriser les situations. C’est dû sûrement à l’époque certes révolue où il défendait fièrement en slip de bain et bonnet rouge les couleurs de son équipe de water polo « Boyas » en Colombie. Diego aime autant lire que regarder le sport sur internet. Il est fan de sport! Fan de lutte ou plus précisément des combats où tous les coups sont permis, l’Utimate Fighting et surtout fan de football. Il suit tous les matchs, tous les championnats et connaît tous les transferts. Le dimanche matin, si la veille il n’a pas trop fait la fête, il regarde même Téléfoot sur TF1 ! Puis, il lit ses textes théoriques sur l’interaction sur le web ou le cinéma à l’ère du post internet. Diego a une coiffure d’enfer qui retient l’attention de tous surtout de ceux qui perdent leur cheveux. Marseillais d’adoption, il a très vite trouvé ses marques dans la cité phocéenne et les insultes au volant sortent souvent avec l’accent marseillais.
Javiera ne sait pas conduire, enfin si, mais elle préfère qu’on la conduise. Elle adore être dans le siège du copilote, ouvrir la fenêtre et mettre sa main au vent. Elle aime bien chanter et mettre la musique à fond. Mais quand ça part fort dans les eighties, et souvent ça va chercher dans les eighties, ça peut être du Guns and Roses ou du Madonna. Petit moment de headbanging, air guitar, like a virgin… Comme son prénom l’indique, Javiera est chilienne. C’est une artiste qui adore travailler avec les vagues. C’est la seule personne dans le milieu de l’art qui dans son entourage connait autant de surfeurs que des chercheurs au CNRS. Drôle de mélange n’est ce pas?
Javiera n’est pas du matin. Même si parfois elle s’inscrit dans des stages de yoga matinal avec ses copines marseillaises… Pour commencer la journée, elle aime bien boire un jus d’orange pressé, un café, des oeufs au plat, des petits pains au chocolat et ….de l’avocat. De l’avocat sur l’A7. Cherchez l’intrus.
En 1978, avant même notre naissance, Julio Cortázar (le célèbre auteur argentin exilé en France) et sa compagne Carol Dunlop avaient décidé les règles de leur voyage :
1\ Faire le voyage de Paris à Marseille sans quitter l’autoroute une seule fois.
2\ Prendre connaissance de chaque parking, à raison de deux parkings par jour, en passant toujours la nuit dans le deuxième quel qu’il soit.
3\ Faire des relevés scientifiques de chaque parking, et prendre note de toute autre observation perti- nente.
4\ S’inspirant peut-être des récits de voyages des grands explorateurs du passé, écrire le livre de l’ex- pédition (modalités à déterminer).
Aujourd’hui, nous avons décidé de baser notre expédition selon les règles de jeu suivantes :
1\ Faire le voyage de Marseille à Paris sans quitter l’autoroute une seule fois.
2\ Prendre connaissance de chaque parking, à raison de deux parkings par jour, en passant toujours la nuit dans le deuxième quel qu’il soit.
3\ Faire des relevés scientifiques de chaque parking, et prendre note de toute autre observation perti- nente avec nos propres moyens d’expression : des- sins, photos, vidéo.
4\ S’inspirant peut-être des récits de voyages des grands explorateurs du passé et des Autonautes de la cosmoroute, réaliser une œuvre transmédia.
Il existe actuellement 63 aires d’autoroutes dans le sens Marseille-Paris. Ce protocole de travail est la pierre angulaire de notre expédition et constitue la trame narrative de notre expérience interactive.